Le goût de la biodynamie
Samuel Duparcq, 39 ans, est responsable d'agences chez Racine SAP,et fin connaisseur de la biodynamie en viticulture.
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En échangeant avecSamuel Duparcq, on détecte un très léger accent du sud. Et pourtant, le responsable d'agences au négoce Racine est un varois d'adoption. Il est né à Liévin, dans le Pas-de-Calais, en plein bassin minier, et comme dirait Michel Galabru dans Bienvenue chez les Ch'tis : « C'est le Nord ! ».Après trois ans en Gaec, il a fait un passage en Haute-Savoie, pour conseiller des éleveurs avant d'arriver dans le sud. « Je n'ai pas réussi à faire la route directement », plaisante l'intéressé. Aujourd'hui,chez Racine, il pilote les agences de Saint-Cyr-sur-Mer et de Saint-Maximin (Var). Fait peu commun, il est expert en biodynamie.Au quotidien, « je gère les deux centres de profit, soit la gestion du personnel, les gammes, les aspects commerciaux et réglementaire », explique-t-il. Les deux sites comptent sept collaborateurs, dont trois CAP (conseillers agronomiques préconisateurs). En outre, il suit près de quatre-vingts clients, principalement des viticulteurs en conventionnel, bio, et biodynamie.
Du reblochon au vin
La vigne, il la connaît depuis 2010, à son arrivée chez Racine. « A l'entretien, j'ai été honnête, relate-t-il. La vigne dans le Pas-de-Calais, c'est compliqué. J'ai été formé, notamment par Bruno Pèbre, qui m'a beaucoup aidé. » Samuel Duparcq n'est pas issu du milieu agricole. « Mais j'ai toujours eu envie de faire cela. » Après un Bac général, il se forme sur le sujet, et s'installe sur une exploitation en polyculture-élevage, avec du maraîchage. « Je suis resté trois ans, le Gaec n'a pas fonctionné. » Départ alors pour la Haute-Savoie, où il intègre la coopérative Jura Mont-Blanc. Il s'occupe de la vente d'aliments pour les éleveurs en AOP (reblochon, beaufort..). « Au bout de deux ans, j'ai cherché à évoluer, mais ce n'était pas possible. » C'est là qu'il rejoint le Var, et le négoce Racine. Petit à petit, il se penche sur la biodynamie. « La culture de la vigne m'a plu, avec la transformation du raisin en vin. J'ai du mal à conseiller une culture sans savoir ce qu'elle devient. Dans le Gaec, le lait était transformé. Idem en Haute-Savoie, on travaillait la ration en fonction du produit. C'est aussi ce qui m'a poussé vers la biodynamie », justifie Samuel Duparcq. Chez Racine, il commence sur l'appellation Bandol, avec des pratiques proches du bio. Un groupe de travail sur la biodynamie se monte en 2012 avec des viticulteurs, et en 2013, le conseiller suit sa première formation sur le sujet.
Conception cartésienne
Comment son entourage a-t-il réagi ? « Il y a cinq-six ans, j'ai pu avoir des remarques comme « vas-y, amuse-toi », mais mon encadrement m'a soutenu. Et aujourd'hui, beaucoup de viticulteurs se posent des questions. Mais chez certains conventionnels, la représentation de la biodynamie, c'est encore« allons pieds nus dans les vignes un jour de pleine lune pour ressentir les ondes ». Une conception bien loin de celle de Samuel Duparcq, qui se définit comme « très cartésien ». Le goût pour la biodynamie est-il compatible avec un poste dans un négoce ? « Il n'y pas de raison. Je n'ai pas perdu de chiffre d'affaires : pour la fumure, on remplace les produits classiques par du compost. On ne se sépare pas du cuivre et du soufre. On vend des décoctions toutes prêtes avec des préconisations écrites. Cela rassure aussi les clients sur le côté réglementaire. Le suivi, la préconisation, c'est vraiment le fil d'Ariane de l'entreprise. On va vers une biodynamie moderne. »
Marion Coisne
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